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Publié le 30 août 2017

Yves Hélory de Kermartin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Naissance :17 octobre 1253 Manoir de Kermartin à Minihy-Tréguier (Bretagne, France)

Décès :19 mai 1303 (à 49 ans) Trégor (Bretagne, France)

Nom de naissance :Yves Hélory de Kermartin

Nationalité : bretonne

Vénéré à Tréguier où a lieu un célèbre pardon tous les 19 mai.

Canonisation :1347 par Clément VI

Professions de la justice et du droit (avocats).Bretagne (avec sainte Anne).

     Attributs : Généralement représenté avec une bourse dans une main, pour signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique. Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre.

Saint patron

 

     Yves Hélory de Kermartin (ou Yves de Tréguier, ou saint Yves dans la tradition catholique), né le 17 octobre 1253 au manoir de Kermartin, à Minihy, près de Tréguier (aujourd'hui Minihy-Tréguier, Bretagne), où il est décédé le 19 mai 1303, est un prêtre et official du diocèse de Tréguier, sous le règne de Jean Ier de Bretagne. Il consacra sa vie à la justice et aux pauvres, aussi fut-il canonisé le 19 mai 1347 par le pape Clément VI. On le fête le 19 mai.

     Yves Hélory (ou Héloury) est né au milieu du XIIIe siècle, probablement le 17 octobre 1253, dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier. À l'âge d'environ 14 ans, il part étudier à Paris, accompagné de son précepteur Jean de Kergoz (Kerc'hoz). Il y fait ses humanités, suivant des cours de théologie, probablement à la Sorbonne. Ces premières études achevées, il étudie le droit à l'université d'Orléans dont la faculté est réputée à travers toute l'Europe à cette époque. Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres.

     Ses études achevées, il revient travailler en Bretagne à Rennes dans un premier temps, où il devient conseiller juridique du diocèse. L'évêque de Tréguier remarque ses talents et le presse de revenir à Tréguier. Sa mère meurt en 1280. Étant le fils aîné de la famille Heloury, il hérite de tout le patrimoine familial.

    En 1284, l'évêque de Tréguier Alain de Bruc le nomme official, l'ordonne prêtre et lui confie successivement les paroisses de Trédrez et de Louannec, proches des terres de son enfance. En 1293, il fit construire un refuge pour les indigents, Krech-Martin).

     Alors que ses prédécesseurs prêchaient en latin, Yves étonne ses paroissiens en le faisant en breton, rendant ainsi accessible au peuple la compréhension de l'Évangile et de son message. Il se déplace beaucoup à pied dans la région de Tréguier, est vu plusieurs fois dans la même journée à des lieux différents et de bonne distance. Les gens l'apprécient pour sa façon de rendre la justice, il est réputé pour son sens de l'équité qui lui interdit de privilégier le riche sur le pauvre.

 

     L'enquête de canonisation s'ouvre le 26 février 1330 et aboutit positivement le 19 mai 1347. Elle nous fournit un certain nombre de témoignages sur ce que fut sa vie et la manière dont les gens le percevaient. Ceux qui l'ont connu témoignent, ceux qu'il a guéris racontent.

     Un certain nombre de faits sont ainsi rapportés sur la manière dont Yves Hélory rendait justice. Ainsi à Rennes, doit-il traiter une affaire opposant un aubergiste à un mendiant. Ce dernier est accusé par le premier d'avoir été pris à rôder autour des cuisines ; comme l'aubergiste ne peut l'accuser d'avoir volé de la nourriture, il l'accuse de se nourrir des odeurs de sa cuisine… Yves Hélory prend quelques pièces dans sa bourse et les jette sur la table devant lui ; l'aubergiste tend la main pour les prendre mais saint Yves retient sa main. L'aubergiste s'exclame : « c'est à moi » Yves lui répond « ah non ! Le son paye l'odeur, à cet homme l'odeur de ta cuisine, à toi le son de ces pièces ! ».

     En arrière-fond de ce petit épisode plutôt amusant, saint Yves sera reconnu par les démunis comme l'avocat qui fait justice aux pauvres et ne tient pas compte de la condition sociale. C'est ainsi qu'autrefois dans un vieux cantique populaire, on le fêtait en chantant « Sanctus Yvo erat brito; advocatus sed non latro, res mirabilis populo », « Saint Yves était breton, avocat mais pas voleur, chose admirable pour le peuple ! ».

     Son attachement aux pauvres et au soulagement de leur misère est de notoriété publique. Il a dû bien scandaliser sur le moment ces deux femmes qui bavardaient près de l'Hôtel-Dieu à Tréguier. Elles rapporteront le fait au procès de canonisation : entré environ une heure plus tôt dans l'hospice, Yves en sort à moitié nu et passe devant elles en courant vers Minihy où se trouve son manoir. Les femmes se demandent ce qui a bien pu se passer, elles entrent dans l'hôtel-Dieu et remarquent qu'un malade porte telle pièce des vêtements d'Yves, un autre telle autre, etc.

     On lui prête également des miracles, comme celui d'avoir sauvé des gens de la noyade. Après une vie d'ascèse, de prière et de partage, mangeant très peu et vivant très pauvrement en distribuant ce qu'il a (il ne mangeait que deux œufs le jour de Pâques et tenait table ouverte pour les pauvres en son manoir), Yves Hélory s'éteint le 19 mai 1303. Ses obsèques à la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son mausolée, sont l'objet d'un faste et d'une ferveur populaire extraordinaire ; pour tous, il devient le « mirouër des ecclésiastiques, avocat et père des pauvres, veuves et orphelins ».

Vénération, iconographie et popularité

 

     Moins de 50 ans après sa mort, en 1347, le pape Clément VI lui accorde la sainteté. Son culte s'est répandu dans toute l'Europe, jusqu'à Rome où deux églises lui sont dédiées.

Le 29 mai 1347, à la levée du corps du saint, sa tête est placée dans un reliquaire et le reste des reliques mis dans un sépulcre que Jean V de Bretagne fait surmonter d'un monument, dans la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier.

     Dès la première moitié du XVe siècle, Mgr Alain de Coetivy obtint du pape Nicolas V la concession d'une église bâtie probablement au XIIe siècle et placée alors sous le patronage de saint André. Par bulle du 16 septembre 1455, Calixte III, successeur de Nicolas V, ratifiait cette décision. Cette vieille église (probablement dans le style de Santa Maria in Cosmedine à Rome) fut détruite en 1875 pour cause de vétusté et reconstruite dans le même temps plus petite dans un style néo-renaissance florentine. Un tympan en terre cuite vernissée surmonte la porte d'entrée principale et représente au centre une Vierge à l'Enfant, à sa droite saint Yves et à sa gauche saint Bernard. L'ancienne église conservait de nombreuses pierres tombales de bretons décédés à Rome et enterrés dans l'église. Elles ornent aujourd'hui le cloître de Saint-Louis-des-Français à Rome. La façade a été restaurée pour l'année 2003, année du septième centenaire de la mort du saint. Cette petite église dite « Saint-Yves-des-Bretons » (Sant'Ivo dei Bretoni), située au no 8 Vicolo della Campana se visite sur demande auprès du recteur de Saint-Louis-des-Français.  Le 19 mai, chaque année, une messe en français y est célébrée en l'honneur de saint Yves.

     La seconde église dédiée au saint s'appelle Sant'Ivo alla Sapienza. Église originale en particulier par la tour qui la surmonte représentant la tour de Babel. Elle fut construite entre 1642 et 1660 par Borromini dans l'enceinte du Palazzo della Sapienza abritant alors le Studio Romano qui devint ensuite l'université de Rome (jusqu'en 1935). À l'intérieur de l'église se trouve un retable représentant saint Yves commencé par Pierre de Cortone (1596-1669) et achevé par ses élèves.

     D'autres églises furent consacrées à saint Yves à travers l'Europe : en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.

     Son culte est resté particulièrement vivace en Bretagne: les chapelles qui lui sont dédiées, les statues le représentant sont innombrables ; les récits hagiographiques également comme, à titre d'exemple, celui-ci :

 

Quand les Bretons voyaient passer dans la campagne

Saint Yves revêtu de son grand manteau blanc

Ils se disaient que Dieu l'avait mis en Bretagne

Pour défendre des grands les faibles, les petits.

À son nom s'éveillaient, sur leurs couches funèbres

Des enfants dont les mères avaient fermé les yeux

Les marins l'invoquaient au milieu des ténèbres,

Et leurs barques passaient les brisants périlleux.

 

     Saint Yves est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle des avocats. Chaque 19 mai, à Tréguier (Côtes-d'Armor), lors de la Fête de la Saint-Yves, une délégation de ces professions accompagne le pardon à saint Yves qui est une des grandes fêtes religieuses bretonnes, au même titre que le pardon de Sainte-Anne-d'Auray.

     La veille du Pardon, depuis 1993, le Barreau de Saint-Brieuc organise à Tréguier un Colloque, occasion de rencontre et de réflexion entre juristes sur un sujet d'actualité.

     De même, de nombreuses associations de juristes et des facultés de droit ont pour saint patron Yves. Citons par exemple la Saint Yves Society (une ONG basée à Jérusalem), la Conférence Saint-Yves (une aumônerie d'avocats basée au Luxembourg), ou encore l’association Saint Yves Lyonnais.

     On le représente généralement avec une bourse dans une main, pour signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    Le 19 mai est l'occasion d'un grand pardon à Tréguier, mais aussi dans toute la Bretagne et partout où des Bretons sont installés, sous le nom de Gouel Erwan (litt.: "fête de Yves"). Le pardon est souvent encadré de festivités profanes qui peuvent durer plus d'une journée. En 2011, la Région Bretagne les reprend officiellement sous le nom de « Fête de la Bretagne ».

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Publié le 7 novembre 2018

SAINT HERVé

au VIème siècle

 

   Saint Hervé (décédé vers 568), est un saint bretonsaint catholique, dénommé aussi en breton Houarneau, Hoarvian, Hoarnec Houarné, Huaruoé, Houarniaule, Houarniault, Hyvarnion, Mahouarn, ou en français "M'Hervé". Il est fêté le 17 juin. Il fonde un monastère à Lanhouarneau (Finistère)

 

 

 

 

Retable de Guimiliau avec saint Hervé, son loup et le petit garçon

      En l'absence de document historique indépendant à la littérature hagiographique,  l'existence de saint Hervé est incertaine car elle apparaît dans une vita tardive.

     Sa vie est racontée en effet dans la vita Hervei (du XIIIème siècle) le manuscrit connu sous le nom de "Légendaire de Tréguier" datant du XIVème siècle, dans le manuscrit de l'abbaye Saint-Vincent du Mans daté du XVème siècle, et dans un autre manuscrit de l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois2. Son hagiographie a été reprise dans la première moitié du xviiéme siècle par Albert Le Grand.

   Fils de Hyvarnion (ou Harvian, Hyvarnon ou Houarnon), barde venu de Grande-Bretagne et de Rivanone (ou Rivanon), qui aurait vécu un moment à la cour du roi franc Childebert, Hervé, né vers 520, est aveugle de naissance. Ses parents auraient vécu au manoir de Lanrioul (dénommé aussi dans les anciens textes Lanrigoul ou Lanrigour) en Plouzévédé. Après la mort de son mari, Rivanone se serait établie sur le territoire de Keran (la trêve de Tréflaouénan), où elle aurait élevé son fils encore en bas-âge.

     Hervé, après avoir été un disciple du moine Martianus (ou Harchian), aurait été vivre près de Saint Urfold, oncle probable de saint Hervé. Son neveu, le futur saint Hervé, eut par révélation connaissance de la mort de Saint Urfol et se mit en route vers l’oratoire de son oncle. Il s’y prosterna pour prier et au cours de son oraison, le sol trembla si fort que tous ceux qui étaient avec lui furent jetés à terre ; la terre s’ouvrit et de cette ouverture sortit une odeur suave et odoriférante. Saint Hervé, ayant, par ce miracle, connu et trouvé le tombeau de son oncle l’accommoda de pierres et le lieu devint bientôt le cadre de miracles. C’est sûrement là l’origine du culte qui est encore rendu à Saint Urfold à Bourg-Blanc, canton de Plabennec.

     Après la mort de sa mère, qui après une vie "en solitude" serait morte à l'emplacement actuel de l'église paroissiale de Lanhouarneau, Hervé resta vivre un temps dans l'oratoire qu´elle y avait construit et il ouvrit une école. Il fuyait le monde pour mener une vie d'ermite, mais il fut vite rejoint par des disciples ; il quitta Lanhourneau pour revenir à Bourg-Blanc où, dans un premier temps, il ne retrouva pas le monastère, désormais en ruines, où avait vécu Saint Urfold. Hervé se rendit ensuite à Saint-Pol-de-Léon où l'évêque, saint Houardon, lui conféra des ordres mineurs (il devint confesseur tout en refusant par humilité le titre d'abbé, acceptant seulement d’être ordonné exorciste, refusant de devenir prêtre, s'estimant indigne de célébrer l'Eucharistie). Hervé aurait alors eu l'intention de revenir à Lanhouarneau, mais une voix céleste l'aurait fait rebrousser chemin et prendre la direction d´ Innoco, en fait probablement Iniau, c'est-à-dire Plouigneau (un lieu-dit Kerhervé existe dans cette commune à 4 km au nord du bourg), puis il aurait fait étape à Plougonven (un autre lieu-dit Kerhervé existe à 2 km au sud de ce bourg). La légende de Saint Hervé le fait ensuite passer les Monts d'Arrée pour parvenir en Cornouaille, où il aurait d'abord logé au lieu-dit Languedrec (peut-être Lanherec en Plounéour-Ménez) chez un seigneur nommé Woigonus7. Sa Vita, datée du xiiie siècle8, le montre collectant des fonds jusqu'en Cornouaille.

     Revenu en Pays de Léon, il délivre un comte, dénommé Hélénus, d'un diable qui avait pris place dans sa domesticité, puis il assista à l'assemblée des évêques bretons réunis sur le Méné Bré en Pédernec où fut prise la décision d'excommunier le comte Conomor, assassin de sa femme Sainte Triphine (d'où la chapelle Saint-Hervé qui se trouve au sommet du Menez Bré).

 

     La chapelle Saint-Hervé domine la région offrant un superbe point de vue sur la quasi-totalité du Trégor. Les soubassements de la chapelle sont très anciens ; ils dateraient du vie siècle. Ce sont les seigneurs du Cleuziou qui furent à l’origine de la construction de la chapelle, qui fut reconstruite aux XVIème et XVIIème siècle. La chapelle honore saint Hervé, né aveugle et doté de dons surnaturels. Selon la tradition, ce serait Hervé qui aurait fait jaillir l’eau de la fontaine voisine.

 

 

 

 

 

          Chapelle St Hervé Menez Bré                                                           Vue intérieure de la chapelle.

     La dernière restauration de la chapelle date de 1939. Depuis le mois de juin 2011 l'association des Amis du patrimoine de Pédernec, épaulée par la commune, a entamé une nouvelle restauration. Des vitraux modernes conçus par Julien Lannou de Pontrieux illuminent la chapelle depuis le dernier pardon du 19 juin 2011. Depuis le 26 mars 2012 la chapelle est dotée de deux cloches venant de la fonderie Paccard d'Annecy. La première s'appelle Hervé, Iwan, Nicolas, Eflamm, Vincent, Jude. Elle pèse 57 kilogrammes et donne la note La 440. La deuxième s'appelle Anne, Goneri, Stéphane, Moadez, Nicodème. Elle pèse 45 kilogrammes et donne la note Do5. En même temps que les 2 cloches, les Amis du patrimoine ont fait fondre 700 clochettes souvenir qui portent les inscriptions « Menez-Bré » et « 2011 ». Les deux cloches ainsi qu'un nouveau chemin de croix constitué par 14 photos de calvaires de Pédernec et les vitraux ont été bénis par Mgr Denis Moutel, évêque du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, le 18 mars 2012 en présence de plus de 1 000 personnes. Le nouveau chemin de croix a été réalisé par Rémy Chermat et Nicole Le Polès de Bégard. Les deux cloches ont été installées dans le clocher le 26 mars 2012 à l'aide d'une nacelle télescopique. Il n'y a pas d'électricité sur le sommet du Menez Bré. Les sonneries des cloches sont manuelles.

 

     Ensuite saint Hervé revint vivre à Lanhouarneau où il mourut, peut-être le 22 juin 566 entouré de ses disciples Hardian, Gozhuran, de sa nièce (ou tante) Sainte Christine, etc. Saint Pol aurait assisté à ses funérailles et une partie de ses reliques est conservée à Lanhourneau. La majeure parie de ses reliques furent données par le duc Geoffroy à l’évêque de Nantes en 1002 mais elles disparurent de la cathédrale pendant la Révolution française.

     À sa mort en 566, il fut inhumé à Lanhouarneau, près de Lesneven. À la fin du ixème siècle, face aux invasions normandes, sa dépouille fut mise à l’abri au château de Brest ; elle fut ensuite confiée par le duc de Bretagne à l’évêque de Nantes en 1002, et c’est probablement à cette époque que le crâne fut adressé à la cathédrale de Rennes. Le corps disparut à la Révolution. Oubliées pendant des années, les reliques furent retrouvées à la fin du xxème  siècle dans une arrière-sacristie de l’église Saint-Sauveur de Rennes, et leur retour à Lanhouarneau fut décidé en 1998. Il fait l’objet d’un culte à Bourbriac, une statue le représente dans la chapelle Saint Mélar de Bringolo, une chapelle lui est dédiée à Quemperven ainsi qu’à Ploufragan, et une église à Saint-Hervé.

 

Saint Hervé et son loup

(groupe statuaire, Musée du loup, Le Cloître-Saint-Thégonnec).

     Ermite aveugle et musicien, il œuvra pour l’éducation des enfants et l’accueil des pauvres sur le Menez-Bré. La légende raconte que le chien avec lequel Hervé se guidait fut mangé par un loup ; le saint contraignit alors le loup à le remplacer ; c’est pourquoi, à Trédaniel, Saint Hervé est représenté tenant un loup en laisse, et est invoqué surtout par les peuples voisins des forêts pour protéger leurs troupeaux, et en reçoit de la laine par reconnaissance. Une autre légende rapporte qu'un jour Hervé perdit une dent en éternuant et la ficha dans une fente de rocher. Une grande clarté en jaillit et frappa un jeune garçon qui faillit en mourir. Une autre légende rapporte qu'un loup dévora l'âne de son mentor avec lequel Hervé labourait, mais il s'agenouilla pour prier et sur son injonction le loup vint s'atteler lui-même à la charrette. Aussi est-il souvent représenté en compagnie d'un loup domestiqué. Sa réputation gagne toute la Bretagne où il restera jusqu'à sa mort très populaire.

     Saint Hervé est le patron des bardes bretons. Il est invoqué pour les maladies des yeux, la guérison des peurs, des angoisses et de la dépression nerveuse, pour repousser les démons et protéger les chevaux. En Bretagne, saint Hervé a aussi la réputation de faire cesser les coassements des grenouilles. Cette réputation vient d'un épisode de sa vie relaté dans la vita hervei) : accueilli chez le prince Wigon, un des "chevaliers" ("milites") de l'hôte s'avisa de demander au thaumaturge s'il avait assez d'autorité pour imposer silence aux grenouilles du lac qui chaque nuit d'été avaient l'habitude de coasser. Le saint exécuta le miracle demandé.

 

     Saints ayant porté le même prénom Hervé

 

     Saint Hervé, Confesseur (✝ 1021)

    Confesseur. Il naquit dans une famille noble et riche de Touraine. Quand il voulut devenir moine à Saint-Martin de Tours, les moines hésitèrent craignant des représailles de la part de sa famille. Mais devant son insistance, ils l'acceptèrent et en firent le trésorier du chapitre de Saint-Martin. Hervé y dépensa la fortune paternelle pour restaurer la basilique, puis la reconstruire après un incendie. Quand il voulut devenir ermite, les moines le firent revenir après quatre années d'absence. Il accepta humblement ce qui était pour lui une charge. Il prenait cependant tout le temps nécessaire à la prière et à la louange de Dieu, ce qu'il jugeait être sa véritable vocation.

 

     Saint Hervé, Moine à Vendôme (✝ 1119)

    Disciple de Robert d'Arbrissel, abbé de Fontevrault, il fut moine à Vendôme sous la conduite du saint abbé Bernon. Il termina sa vie terrestre comme ermite à Chalonne en Anjou.

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Publié le 7 novembre 2018

SAINT VITAL – GWIDOL

Alan Joseph Raude 

     L’ éditeur de sa Vita latine, A.Oheix, présente ainsi saint Gwidol :

    “Saint Viau ou Vital, pour avoir donné son nom à une paroisse du diocèse de Nantes, n’en est pas moins un personnage presque inconnu”.

    De son côté, J. Loth (NSB 55) se contente d’ observer que “ce nom était répandu chez les Bretons insulaires”, ce qui n’ est pas tout à fait exact, car il ne renvoie qu’ à un seul personnage (de la famille  de Gworthïern) et les généalogies galloises n’ en mentionnent qu’ un seul autre, fils de Dyvnwal Hen, petit fils de Ednyved, arrière petit-fils de Maxen Wledic (alias Magnus Maximus). Comme la femme de Gworthïern était Seuira, fille de Maxen on peut penser que ce nom latin, Uitalis, avait acquis une valeur de tradition dans cette famille.

     Le personnage

     La Vie du saint, effectivement, nous apprend bien peu de chose sur l’ éponyme de la paroisse de Saint-Viau : In huius territorii Ratensis ambitu et loco secretori exstitit quidam incola, ducens progeniem ex gente Anglica…  “Dans les parages de ce pays de Rais et dans un lieu isolé vécut un homme d’ origine anglaise…”(ch.1)  Erat autem cellulae habitatio beatissimi uiri in Christo confinio Ratensis quodam in monte nomine Scobrit… “Or la cellule où habitait l’ homme très bienheureux en Christ était aux confins du pays de Rais sur une colline du nom de Scobrit…”(ch.2)

     Il est clair que l’ origine anglaise de cet homo uocatus Uitalis “homme du nom de Vital”(ch.1) est aussi sérieuse que celle de Gworthïern (Gurthiernus qui fuit rex Anglorum,  “Gworthïern qui fut roi des Anglais” CKL p.45) dont on sait qu’ il était prince de Powys. Nous n’ avons aucun motif de douter que le Uitâlis en question était cornovien , car il est plus que probable qu’ il ait été précisément le second des Gwidol ci-dessus, c’ est à dire un petit-neveu par alliance de s.Gworthïern. Il  devait donc vivre à la fin du 5ème siècle.

     En lisant le Livre des Lieux

     En fait, si la tradition religieuse est d’ une discrétion remarquable sur la place de Gwidol en Bretagne,  il en reste néanmoins quelques traces significatives. Près de Kemperlé, se trouve la paroisse de Guidel  qui conserve intacte la forme bretonne du nom. A Kervignac on a un Trévidel (Trewidel). Ailleurs en pays bretonnant on trouve la forme ecclésiastique Saint Vital : ainsi étaient connues ses chapelles à Séné, à  Plouigneau,  à Plouvevezel et à Combrit. C’est aussi cette forme latinisante que l’ on trouve en 913 : Guernuital Monasterium, aujourd’ hui Gannedel, à 11km à l’ est de Redon, et le parti-pris des clercs de l’ abbaye y est évident. Cent ans plus tard, vers 1030, on trouve Guernuidel, forme bretonne intégrale.

   C’est la forme latine Vital en évolution romane qui a donné le nom de St-Viau ; en composition avec Bod– “résidence” elle a donné Bobital, de *Bot-Wital. La forme bretonne a évolué différemment en gallo, suivant l’ époque du passage du celtique au roman. Les emprunts anciens ont donné Lanviel en Beignon (pour *Lanwidel), Viel en Vildé-Guingalan et Vieux-Viel (35) . Emprunté plus tardivement par le gallo, Bod- Gwidel a donné Bocquidet en Sérent  et Trewidel a donné Trudeau en Paimpont (gallo /trudè/ francisé en Trudeau).

     Post mortem

     Lorsque l’ âme du saint se fut jointe aux chœurs célestes (ch.4), son corps reposa  dans sa cellule de pierre (logella lapidea) sur le mont Scobrit (cf nota excursoria ci-dessous) et fut la raison d’ être d’un prieuré. Mais il advint que l’empereur Louis le Pieux, en 839 donna le prieuré Saint-Vital aux moines de Noirmoutier.  Ceux-ci transportèrent les reliques à St-Philbert de Grandlieu, puis  les emportèrent à Tournus, dans leur fuite en Bourgogne en 875. Dès lors la gestion de ce capital hagiologique fut prise en charge par les moines bourguignons (cependant on signale des reliques de St Viau à Pluvigner).  En Bretagne une part de l’héritage revint à Redon, comme on le constate pour Gannédel, mais le culte de Gwidel  est manifestement résiduaire et repose sur des réminiscences lettrées, d’ où l’ usage du nom latin là où le saint ne fut pas simplement oublié.

     Affinités

   L’ occurrence du nom de Gwidel à la limite de Kemperlé, ville de s. Gworthïern, tout comme la chapelle St-Vitalde Combrit à 12km de Treffiagat, Trev-Rïagad, alors que Rïagad est le petit-fils de Gworthïern,  n’ a pas l’ apparence d’ un hasard,  mais bien d’ un signe de parenté, et il en va de même de Trewidel en Kervignac, paroisse qui, dit le Cartulaire (p.46), fut offerte à Gworthïern par Gweroc.

     Le Viel de Vieux-Viel (*Hen-Widel) et celui de Vildé-Guingalan représentent bien,  linguistiquement, une évolution du breton Gwidel, mais l’ identification avec le personnage de saint Viau n’ est pas démontrée. Cependant la rareté du nom en Bretagne la  rend probable.

     Culte

     Le trépas du saint, selon la Vita, fut un 22 octobre, mais le Missel de Barbechat le date du 16 octobre. Au propre du diocèse de Nantes, saint Viau est commémoré le 23 octobre, mais le propre de Vannes (malgré les reliques de Pluvigner) et celui de Quimper (malgré les chapelles) l’ignorent. On voit comment “l’exode des corps saints” du IXème siècle causa une rupture supplémentaire dans les cultes traditionnels des Bretons.

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Publié le 2 avril 2018

Saint Herbot, un saint vétérinaire

 Erwan Chartier-Le Floch vient de publier sur son blog un article concernant Saint Herbot.

Nous invitons nos lecteurs à le découvrir : 

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Il est l’un des saints bretons les plus révérés, particulièrement dans les campagnes où on l’invoquait pour guérir le bétail ou obtenir un meilleur beurre… Mais l’existence de ce grand ami des bêtes plonge dans les temps légendaires des premiers siècles de la Bretagne.

      Si saint Herbot était autrefois l’un des saints les plus populaires de basse Bretagne, on ne connaît que peu de choses de sa vie. Il n’est d’ailleurs pas reconnu par Rome et son existence n’est attestée que par une série de légendes. Une Vie du saint était, paraît-il, conservé autrefois à Berrien, mais le livre aurait été volé par les Anglais lors de la guerre de Succession, au Moyen Âge.

      La tradition le dit issu d’une puissante famille d’outre-Manche. Certains l’associent à un roi celte, Gwar ou Gueor, enterré sous le tumulus de Roc’h Bleingor qui surplombe l’actuel village de saint Herbot. A moins que Gueor ne désigne un géant que le saint aurait vaincu. Curieux et aventureux, saint Herbot vivait à la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen Âge, dans des temps troublés qui voyaient la fin de l’empire romain et l’arrivée des Bretons en Armorique.

     Attaqué par les femmes de Berrien

     Comme nombre de ses compatriotes, Herbot traverse la Manche et devient ermite dans les bois de Berrien et de Huelgoat. L’homme se plait sur ces contreforts des monts d’Arrée, au milieu des bêtes sauvages qui semblent l’apprécier et lui obéir. Le religieux commence à faire des miracles et les fidèles sont de plus en plus nombreux

     Ce qui ne plait pas aux femmes de Berrien qui lui reprochent de trop accaparer leurs hommes par ses prêches et de les détourner des travaux des champs. Elles le prennent à partie et lui jettent même des pierres. Ce qui aurait fortement irrité le saint qui leur aurait prédit qu’on ne parviendrait jamais à désempierrer leur paroisse. La tradition populaire y voit donc une explication à la présence des nombreux chaos granitiques de la région.

    Apprécié des bêtes

    Herbot se retire ensuite au manoir du Rusquec, puis dans la vallée de l’Elez. Pour construire son penity, le seigneur du Rusquec lui donne deux bœufs qui appréciaient si bien la compagnie du saint qu’ils restèrent, dit la légende, à ses côtés jusqu’à sa mort. Herbot aimait en effet les animaux et on disait qu’il comprenait leur langage et qu’il aimait converser avec eux. Logiquement, en arrivant au paradis, il aurait demandé à devenir leur saint patron.

 

 

    Après son décès, il est inhumé dans le petit village qui porte son nom et qui devient une paroisse (aujourd’hui, il dépend de Plonévez-du-Faou). Pour les protéger des Vikings, ses reliques sont déménagées en 869. Une partie d’entre elles se seraient retrouvées dans l’église saint Hermelan (son patronyme en français) à Rouen. Mais ce bâtiment a été incendié en 1562 par les protestants.

Excellent pour faire du beurre

    Outre l’église de Saint-Herbot dans les monts d’Arrée, plus d’une centaine de bâtiments religieux abritent sa statue en Bretagne. Saint Herbot était en effet invoqué – et réputé très efficace ! – pour soigner les problèmes de santé des bovins. Mais en cas de guérison, le paysan devait trancher le bout de la queue de l’animal et le déposer devant la statue du saint. Dans l’église de Saint-Herbot, des dizaines de queue étaient ainsi accrochées à gauche du chancel ou sur les deux tables de granit prévues à cet effet. Le curé tirait de substantiels revenus en revendant le crin qui était utilisé pour faire des brosses.

Saint Herbot est également invoqué pour faire du beurre, l’un des aliments favoris des Bretons. Il est toujours vénéré, notamment à travers un très populaire pardon des bovins, auprès de sa magnifique église des monts d’Arrée.

     Saint-Herbot, joyau du gothique breton

     Le fin clocher de granit apparait brusquement au voyageur venant de Huelgoat ou Plonévez et semble percer la forêt environnante. Cachés au cœur des monts d’Arrée, le hameau de Saint-Herbot et sa majestueuse église sont pourtant l’un des joyaux architecturaux du centre Bretagne. L’actuelle chapelle a été bâti à l’emplacement d’un sanctuaire détruit pendant la guerre de Succession de Bretagne. Grâce à l’argent des fidèles et de puissants parrains, une vaste église est édifiée à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. La duchesse Anne finance ainsi la construction du clocher et de l’impressionnant porche, ce dernier conservant des fresques médiévales au plafond. On aperçoit les armes des ducs de Bretagne sur sa façade. A la Renaissance, Saint-Herbot continue d’être un lieu de culte très prisé. On y construit un ossuaire, puis un calvaire (en 1571). Le cadran solaire date quant à lui de 1581. L’intérieur est tout aussi remarquable, avec un magnifique chancel sculpté (il séparait les fidèles d¤¤¤es prêtres), plusieurs statues médiévales et des vitraux du XVIesiècle.

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Publié le 2 avril 2018

Saint Patrick, c'est le 17 mars

      Ce jour-là, l’Irlande envahit le monde ! En effet, à travers plusieurs continents, les irlandais expatriés ont su faire connaitre le St Patrick’s day, la St Patrick, fête chrétienne et irlandaise que l’on célèbre ce jour là.

 

 

 

      En Irlande, la St Patrick est d’ailleurs un jour férié depuis 1903 (c’est le parlement du Royaume-Uni de l’époque qui avait décrété ce Bank Holiday Act).

      Mais au fait, qui est ce Saint Patrick ?

      Saint Patrick est le saint patron de l’Irlande. Ce missionnaire fut en effet le fondateur du christianisme sur l’île au Ve siècle et l’élément moteur de sa christianisation, qui est donc célébrée chaque année. L

      De son vrai nom Maewyn Succat, Saint Patrick serait né en Écosse vers 385 puis enlevé à l’âge de 16 ans par des pirates et emmené en Ulster avant d’être vendu comme esclave à un druide irlandais qui le fit berger pendant six ans.

      Il découvrit la religion chrétienne dont il devient vite un fervent pratiquant. Après avoir fait un rêve dans lequel il rencontra Dieu, il s’échappa et s’enfuit en Angleterre où il devint prêtre. Il compléta son éducation religieuse en France, notamment au monastère de Saint Honorat près de Cannes.

      Le pape Célestin lui demanda en 432 de retourner en Irlande dans le but de convertir les irlandais, jusque-là païens et proches des druides.

      Et en 441, c’est à partir du Croagh Patrick (764 mètres), la montagne désormais sainte de l’Irlande du côté de Westport, qu’il débuta son évangélisation et qu’il commença à être adulé par les Irlandais, qui l’admirèrent. Il aurait entamé sur cette montagne un jeune de 40 jours et de 40 nuits, pendant lequel il construisit la petite église que les plus courageux viennent encore découvrir aujourd’hui, parfois après avoir gravi pieds nus la montagne durant ce pèlerinage.

      Saint Patrick parcouru ensuite le pays pour initier la construction de monastères, d’églises et d’écoles, et pour former d’autres croyants (notamment les rois irlandais).

      On raconte aussi qu’il aurait chassé tous les serpents du pays, en les faisant tomber d’une falaise, une légende qui symbolise plutôt le triomphe du catholicisme sur les païens, puisqu’il n’y aurait jamais eu de serpents en Irlande

      Il mourut le 17 mars 461 à Downpatrick, dans une Irlande désormais christianisée.

      C’est à Saint Patrick que l’on doit le trèfle, symbole de l’Irlande et de facto le vert, couleur de cette plante. La légende raconte que pour convertir les irlandais, Saint Patrick l’utilisait dans l’explication de la Sainte Trinité (les feuilles du trèfle indiquant le père, le fils et le Saint-Esprit).

      Quid de la tradition et de la fête de la St Patrick ?

      La coutume à la Saint Patrick était de porter à sa boutonnière un trèfle et d’aller à la messe. Au XVIIe siècle, l’Église Catholique la reconnut comme fête religieuse et le pape Urbain VIII l’intégra au calendrier chrétien en 1631. Bien que la Saint Patrick se déroule pendant le Carême, il est accepté de rompre le jeûne pour la fête.

      Aujourd’hui, une parade géante est organisée à Dublin, mais tout le pays célèbre cette fête, et pas que, puisque les Etats-Unis, le Canada ou encore l’Australie organisent des festivités particulièrement importantes en raison de l’importance de la diaspora irlandaise dans ces contrées. Contrairement à la croyance d’ailleurs, la fête de la St Patrick la plus importante n’est pas à Dublin, mais à New York (défilé de 150 000 personnes) et à Boston, aux Etats-Unis, même si désormais, les Irlandais de Boston ne représentent plus que 16% des habitants de la cité (contre plus de 50% en 1900), la population blanche de cette ville ayant été littéralement « remplacée » (96% de blancs en 1900 contre 52% aujourd’hui).

      A Chicago, les eaux de la rivière sont colorées en vert pour l’occasion, tandis qu’à Dublin, la fête, orgiaque, dure 5 jours.

      De par sa proximité, sa cousinade avec l’Irlande, la Bretagne fête bien entendu la St Patrick, tout comme l’Ecosse, l’Irlande ou le Pays de Galles. Mais cette fête tend à se développer un peu partout, même si bien souvent, les fêtards n’ont qu’en tête l’image de la Guinness et du Leprechaun, ce lutin irlandais à la barbe rousse vêtu de rouge ou de vert, déguisement préféré des petits et des grands le temps d’une journée.

     Il n’en demeure pas moins que dans le fond, la Saint Patrick, fête symbole de l’Irlande, est intrinsèquement une célébration catholique qui fait d’une icône un homme qui a évangélisé toute une île qui jusqu’alors, n’avait pas été séduite par le catholicisme.

Information de Breizh-Info.BZH

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Publié le 22 février 2018

Santez Tigrid, l’aimée

par Alan Joseph Raude 30 décembre 2017!

     Saint Patrick,  “l’apôtre de l ‘Irlande”, qui y apporta le christianisme à la fin du 4ème siècle, était natif du pays de Reged, que l’ on appelle aujourd’hui Cumbria, juste au sud de la limite de l’ Ecosse. Dans la Vie de Patrick  appelée “Vie Tripartite”, écrite vers 900, on apprend qu’il avait deux soeurs, l’une appelée Lupita, et l’autre Tigrida. Quand des pirates d’Irlande vinrent piller le pays de Patrick, ils l’emmenèrent en esclavage et ses deux soeurs avec lui.

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les livres irlandais ne disent pas comment Tigrid revint d’Irlande, mais dans la Vie des Saints de Bretagne écrite par Garaby on apprend qu’elle avait épousé le roi Gradlon de Cornouaille. D’ après la tradition légendaire Gradlon, avant de devenir le souverain de Kernew, aurait fait une expédition en Irlande pour  délivrer des Bretons prisonniers.  Il aurait ainsi délivré Tigrida et l’aurait épousée. De ce mariage seraient nés 17 fils et 5 filles, dont plusieurs seraient devenus moines  et moniales. On n’a pas la liste de ces 22 enfants,  mais  il est probable que Sant Alar (que l’on appelle Eloi en français) était l’un d’ entre eux, ainsi que  Daniel Dremruz (Daniel au regard rouge), qui succéda à Gradlon à la tête de la Cornouaille, au 5ème siècle.

     Le nom de Tigrid ne s’explique pas par celui du  Tigre,  fleuve de Babylonie. Suivant toute probablité il remonte au celtique *karita “aimée”. On connait bien la déesse Keridwenn, en vieux-celtique *Karitowinda) mère du poète Taliesin.  Karita donne en  vieux-breton Kerit , nom représenté par Sainte Kerit, connue en Cornwall comme Saint Creed. Comme on pouvait on pouvait compléter  les noms par des préfixes d’affection Mo– ou To– on obtenait ainsi *Mokarita > *Mecrit  et *Tokarita > Tecrit.  Effectivement le nom de  la commune de Mégrit est issu  de *Mo-karît–.  De même Tigrid  peut  remonter à  *To-karita.

La fête de Santez Tigrid  (ou  Tegerid) est le 30  décembre, tregont a viz Kerzu.

SANT GWENVAEL

par Alan Joseph Raude 23 décembre 2017

     Saint Gwenvael est le patron de la paroisse de Loc-Envel, sur la rive sud du Gwig, qui se jette dans le Leguer à proximité du bourg. Au Moyen-Age le nom  de la paroisse,  écrit Loc-Guenmael, indiquait bien le nom du saint patron, alors qu’aujourd’hui Loc-Envel contient le nom de saint Envael, dont le nom se retrouve  au lieu-dit  Guern Envel.

  

   Le nom de Porz-Gwenvael, sur la côte nord du Léon, pourrait, suivant la coutume des hagiographes, garder la mémoire du lieu où le saint aurait mis le pied  sur la terre  d’Armorique, événement représenté sur l’un des vitraux de l’église de Loc-Envel.

     La tradition locale de la paroisse fait de Gwenvael et Envael deux frères, dont les noms signifient respectivement “prince béni” et “grand prince”. Ils avaient leurs ermitages dans les bois sur la rive droite  du Gwig et cultivaient chacun une clairière, aidés l’un par un cheval, l’autre par un âne. Mais des brigands sortis de Coat an Noz “le Bois de la Nuit” volèrent le cheval de Gwenvael, si bien que celui-ci attela un cerf et une biche à son araire. Quant à l’ âne de Envael, il fut dévoré par un loup, et ce fut le loup qui tira l’ araire du saint.

     Les deux ermites avaient aussi une sœur cadette, Iunna, qui avait son ermitage sur la rive gauche de la rivière, à l’ endroit qui porte son nom : Tréunaff, du breton médiéval Tre-Iunaff (vieux-breton *Treb-Iunnam). Les ermitages formaient ainsi un triangle et les cloches des ermites leur servaient de moyen de conversation.

     L’ermitage de Gwenvael est devenu d’ abord église tréviale, puis paroissiale. Celui d’Envael a donné naissance à la chapelle s. Envel, Chapel ar C’hoad, en Belle-Ile en Terre. Sainte Iunna, appelée Sainte Jeune en français, est devenue  la patronne d’une “frairie de sainte Iunha”, dans la paroisse de Plounévez-Moédec, et sa chapelle est  à  1,5km  au  nord  de  Loc-Envel.

     Le nom de Gwenvael n’apparait pas dans les généalogies des Bretons du nord, mais celui de Envael y  est bien attesté. Il en ressort que ce personnage était fils de Dyvnwal Hen, “Dumnwal l’Ancien” et de ce fait petit-fils de l’ empereur Magnus Maximus et sans doute neveu   de saint Tudwal. Sachant que les noms sont en général représentatifs d’ une lignée, si saint Envael n’ est pas celui de la généalogie,  il lui est sans doute apparenté.

     Le nom de Iunna est le superlatif de  iun, terme archaïque  fréquent dans les noms composés. Il remonte à un celtique *iounos  “jeune”. La traduction “Sainte Jeune” n’est donc pas erronée. En Plounérin existe une chapelle  de ce nom, et la patronne y est dénommée en latin Junior. Iunna étant “la plus jeune” et junior signifiant “plus jeune”, cela confirme qu’elle était la cadette d’ une fratrie, et donc sa relation avec ses frères. Il est vraisemblable que leur présence remonte au milieu du 5ème siècle.

 

Saint Cadvan

     Saint Cadvan est bien connu au Pays de Galles où il est l’éponyme de deux paroisses Llangadvan, l’une à 20km de Trallwng (Welshpool), l’autre, aujourd’hui dissoute, dans le comté de Merionedd (sud du Gwynedd actuel)  (Loth, NSB 20). Mais son domaine d’élection fut l’île d’Enlli (en anglais Bardsey), où il fut  la tête d’une communauté réunissant dix autres saints: Henwyn, Kynan, Dochwy, Mael, Sulien, Tanwc, Eithras, Llywen, Lleudat, Tegwyn.

     En Armorique la trace de Cadvan est rare en toponymie : on peut probablement lui attribuer Langavan en St-Méloir -des-Ondes (à l’est de St-Malo), qui est à 7km de St-Guinoux (voir plus bas).  Il est exclu de le voir dans le Cavan (=Kawan) du Trégor, et dans le St-Caduan de Brasparts, qui est *Cadoen, comme à Poullan.

 UN NOM DE COMBAT

     Kadvan, vieux-breton Catman, remonte au vieux-celtique *Katu-manos “homme de combat”. Le suffixe -man est caractéristique des Bretons du Nord, de Calédonie et de l’ancienne province romaine de Valentia. Suivant les généalogies galloises, la mère de Cadvan était Gwenn teirbronn (i.e. “aux trois seins”) et son père Eneas Lledewic, c’est à dire “Eneas l’Armoricain”. Gwenn, en Armorique, est connue comme mère de Gwennolé, Iagu et Gwethenoc (ou Gwethnoc), les trois fils qu’elle devait allaiter simultanément de ses trois mamelles, mais on ne lui connait comme époux que Fracan. Néanmoins J.Loth et plusieurs autres auteurs sont d’avis que Cadvan est bien frère de Gwennolé et est en fait le même personnage que Gwethenoc. En effet, Gwethenoc est un dérivé du nom vieux-breton gweith qui signifie aussi “combat”. Il ne serait pas anormal qu’un dénommé “homme de combat ” soit appelé aussi “batailleur” et que l’épithète soit interchangeable avec le nom synonyme.

 

Saint Gwethnoc

NOM DU PERE ET ORIGINE

     Les hagiographes se sont naturellement demandé si Gwenn, cette sainte mère si vénérée, avait eu deux maris. Nous avons vu par ailleurs que Fracan était un nom frison. Eneas, d’autre part, est connu comme le nom du héros de l’Enéide, mais ce nom n’est attesté  chez les Bretons que pour le père de Cadvan. On peut donc se demander  s’il ne s’agit pas aussi dans notre cas d’un nom germanique. De fait cela n’est pas impossible : le nom Anagastes “hôte-ancêtre”, en vieil-anglais *an-¥est, peut avoir été le qualificatif qui a  inspiré l’emploi du nom du héros troyen pour Fracan.

     Plus importante est la qualification de Llydewic “armoricain”, qui insiste sur l’origine continentale de Cadvan et appuie l’ identité avec Gwethenoc. Dans le même sens va le fait que plusieurs des compagnons de Kadvan à Enlli sont bien attestés en Armorique : Kenan, Mael, Sulien, Lowen patronnent des paroisses bretonnes continentales. Tanwg est un diminutif qui peut représenter Tangi ou Tanwethen (Inis Tanguethen est aujourd’hui l’ île Saint-Michel, à l’embouchure du Blavet).

 CULTE DE GWETHNOC  ET PARENTELE

     Saint Gwethnoc est le patron de la chapelle Saint Venec en Briec, où il est représenté avec sa mère et ses deux frères, Gwennolé et Iagu. Il y a des saints Vennec en Combrit, à Landrevarzec (dont le patron est s.Gwennolé), un Lanvenec en Lanrivoaré. En Pleyben on a un Lanvezennec, écrit Lanwethnoc dans la charte 33 de Landevennec et Languezenoc en 1241. Guehenno et St-Guinoux sont d’autres variantes du nom.

     (Les chercheurs plus ou moins amateurs ont abondamment confondu Gwethnoc avec Gwennog “le blanc”, diminutif qui peut représenter plusieurs saints, de même que sa variante Gwennou, Gwenoc “le souriant”, Gwinoc “le vigneron” [variante  Gwinioc].)

     De St-Guinoux à St-Jacut de la mer il y a 22km. De Guehenno à St-Jacut les Pins on a 40km. Langavan en St-Méloir (qui répond aux Llangadvan gallois) est à quelques km de St-Guinoux. Les deux frères de Gwennolé, Gwethnoc et Iagu sont donc bien honorés dans l’ est de la Bretagne. Dans le Léon le Lanvenec de Lanrivoaré est à 24km d’ Elestrec (en Le Folgoet) dont Iagu est le patron.

     Par delà la Mer Celtique, de l’ île d’ Enlli de Kadvan à Mahee Island, l’ ‘île de saint Machaoi, dont nous avons vu que le nom est le même que Iagu, il y a 200km, peu de chose pour des navigateurs comme nos “pélerins” bretons.

CONCLUSION

     Ainsi se complète l’image d’ une famille, originaire des parages du Mor Terrwyn (l’actuel Irish Sea), établie en Armorique mais sans perdre le contact avec son pays d’origine. Remarquable est la recherche de l’environnement marin : Gwennolé d’abord dans l’île de saint Pebi, Topopegia,  Iagu dans la presqu’île qui porte son nom à l’embouchure de l’Arguenon et en Irlande à Mahee-Island-Nendrum, Gwethnoc-Kadvan dans l’île d’Enlli forment un tableau cohérent, entrant parfaitement dans le cadre décrit par E.G.Bowen (SSS carte 2, p.10).

 

 

SAINTE BRIGITTE

SON NOM ET SON CULTE EN ARMORIQUE

par Alan Joseph Raude 

Sainte Brigitte – Vallée des Saints voir (l'article dans ce site) 

     Brigitte est l’une des saintes chrétiennes les plus populaires chez les Bretons  armoricains. Son nom breton Berc’hed (variante archaïque Berget) pose des problèmes que linguistes et hagiographes ont étrangement négligés, à tel point que récemment encore certains “normalisateurs” amateurs corrigeaient ce nom en un °Brec’hed barbarique.

EVOLUTION ET DATE

     Le nom vieil-irois Brigit (moderne Brighd) remonte à un vieux-celtique Brigantis (dont Brigindo est une variante), avec l’évolution –nt– > –t– propre au goïdelique. Le manque de –n– dans le nom breton montre qu’il s’agit d’un emprunt irois. Mais Berc’hed diffère du nom gaélique par la métathèse de –ri– en –ir-, puisque Berc’hed présuppose, en vieux-breton, *Birgit. Cette méthathèse n’a guère pu avoir lieu en gaélique, où les métathèses sont rares (HAI §179) et doit donc être le fait du vieux-breton, ce qui est néanmoins un cas exceptionnel à haute époque. En Cumbria, on note cette métathèse dans Birkby (PNC 282), 1163: Bretteby, 1497: Byrtby.

     Le gallois a reçu le nom de Brigit sans métathèse. Il y a donc évolué en Breit, moderne Braid. Cette forme n’est pas inconnue en Armorique puisque l’on a à Merdrignac Trébrède (breton *Tre=Breit > Trebred) à côté d’un lieu nommé Sainte-Brigitte en français.

     L’évolution  Birgit > Berc’hed  n’est pas universelle en Bretagne. Tout comme on a  argant (au sud) à côté de arc’hant on a Perguet, et en zone romanisée St-Vreguet (en St-Alban,22) et Evriguet, dans lesquels  le  [g]  est conservé. Cela peut être dû au Gallo-Roman d’Armorique. car si  Berget est passé du vieux-breton en GRA au 5ème siècle, le –g– y restait en l’état. On estime qu’en vieux-breton  [rg]  a dû très tôt passer à  [rx] (HPB ibid.). En tout état de cause, durant deux ou trois générations,  [rg] et [rx] n’ont dû former qu’un seul phonème /r¡/.

     Cependant la distinction –rg-/-rc’h– est devenue phonémique au moment où, par exemple, on a différencié  argad, “attaque” de arc’had “contenu d’un coffre, et où le breton a emprunté larg “vaste, “considérable”, au GRA, sans qu’ intervienne l’évolution spirante. D’autre part le passage du nom gaélique en breton s’est fait avant que le  [g] de Brigit soit passé  à  [j]  c’est à dire au début de   l’époque du vieil-irois (entre le 5ème et le 10ème siècle).

     Par ailleurs on doit penser que l’introduction du nom Birgit en Armorique est antérieur à la publication de la Vita de la sainte écrite par Cogitosus (7ème s.), sinon c’est la forme écrite Brigida qui se serait imposée.

     A ce point il convient de revenir vers le Pays de Galles, où il n’ y a pas moins de 6 localités consacrées à Sainte Brigitte, sous le nom de Llansanffraid (ou variantes). Or  ffraid, (moyen-gallois  ffreid, ne découle pas de Breit en phonétique normale. Il s’agit plutôt d’ un nom  allitérant avec Breid, c’ est à dire d’ une épithète remplaçant le nom réel (ce qui n’ est pas rare). Or nous avons en Armorique la paroisse de St-Evarzec, dont le nom ancien *Tefredoc était écrit Sent Defridoc (12éme s.), Saint Effredeuc (15ème s.), et qui faisait partie du même district que Le Perguet (*Loc-Berged) dont la patronne éponyme est  “Brigitte”. Il en ressort que  fred “cours  d’ eau” (v.celt. *sretis),  fredoc “au cours d’eau” a servi d’épithète au nom de Brigitte, signifiant par là que cette sainte pratiquait les bains rituels de l’ observance “aquatiste”, au même titre que, notamment, saint Dewi, saint Iahoew et saint Gworthïern.

CULTE

     Le culte de Brigitte est très répandu en Bretagne, surtout dans les évêchés de Vannes et de Kemper. Or il a ceci de particulier qu’il n’a pas de promoteur connu. On a pu, à tort ou à raison, attribuer l’extension des cultes de saint Michel, de saint Gildas, de  saint Gwennole, de saint Tudy, à tel ou tel monastère. Tel n’est pas le cas de Brigitte (l’idée de faire de l’abbaye de Rhuys le promoteur du culte de sainte Brigitte [Lozérec, Bro-Guened n°37, 1955] n’a pas de base sérieuse.) Ceci bien que cette sainte patronne six noms en Loc- actuels. A Groix le nom du lieu de la chapelle Ste Brigitte, près du village de Moustéro, était écrit Lanveurzet dans un document du 17ème siècle dont j’ai perdu la trace depuis 1942 (documents en la possession de M.Camenen, ancien instituteur dans l’ île, retiré à Lorient,  détruits dans un bombardement anglais). Ecrire Z pour un H vannetais est une fausse régression bien connue.

     Le culte de Brigitte est donc spécifique de la chrétienté bretonne et témoigne de ses liens étroits avec sa terre de mission iroise. Brigitte était par excellence le modèle des moniales et leur patronne. Le sens de Loc– est “lieu consacré” à celui dont le nom suit. Dire que locus, pour les clercs celtes, était synonyme de monasterium et de coenobium est sûrement une généralisation excessive.  Mais il est indéniable que ce lieu consacré était souvent à usage monastique. Dans le cas de Loc-Berchet ce devaient être des ermitages ou communautés féminines. Une telle fonction, pour laquelle Brigitte n’avait pas de concurrente, justifie amplement l’existence et l’extension géographique des lieux de culte de la sainte de Kildare.

 

MONASTERES DOUBLES

     A Groix la chapelle Ste Brigitte était à Moustero (Mousterew) “les Moûtiers” ou plutôt “les deux monastères”. (En breton de Groix le suffixe –ew  forme un duel, traité morphologiquement comme un féminin : or gornew “une paire de cornes”.) Ce nom s’explique s’il y avait un mouster féminin à côté d’une communauté d’hommes, comme c’était le cas à Kildare sous la direction de Brigitte et pour plusieurs autres monastères en Irlande, comme en Egypte au Monastère Blanc de saint Shenouté. A Muzillac Moustero est à quelques centaines de mètres au nord de Trébiguet (de *Treb-Birgit).

 

DATE DU CULTE

     Il serait donc tout à fait aberrant  d’imaginer l’extension du culte de sainte Brigitte après l’interrègne norois. Il constitue l’un des éléments de la tradition de l’église celtique. Après Alain Barbe-Torte la mainmise tourangelle sur le culte en Bretagne exclut la promotion de saints celtiques autres que les fondateurs d’abbayes et patrons d’évêchés. Le culte de Brigitte était en Bretagne fonctionnel et il doit être aussi ancien que cette fonction, c’est à dire aussi ancien en Bretagne qu’ en Irlande. Brigitte étant trépassée en 523, le début de sa vénération date donc du 6ème siècle. On peut laisser ouverte la question de la date des toponymes actuels (pour laquelle la documentation est inexistante),  mais l’existence à haute époque des lieux de culte aujourd’hui attestés est assurée. On notera en passant que le nom de Perguet doit  son P– au renforcement de B– par une consonne précédente, à savoir le –c d’un Loc– (cf. Loperhet), non enregistré par écrit, mais confirmé par l’usage  actuel, où l’on dit “Le Perguet”.

     En zone romanisée le nom de Saint-Vréguet (1484: Saint-Verguet) en St-Alban(22) est une francisation du gallo  *Saent-Verget,  identique au Senteverguet de 1271 qui est aujourd’hui Sainte-Brigitte en N.D. du Guildo, tous deux issus du vieux-breton *Sant-Verget ou *Sen Verget. Nous sommes donc toujours avant les incursions noroises.

 BRIGITTE ET LES VIKINGS

     La forme scandinave du nom de Brigitte : Birgit, est difficilement explicable sinon par un emprunt chez les Bretons armoricains ou cumbriens.

     Le manque de spirantes vélaires  [(]   et  [x]  en norois entraine une adaptation de  (rx]  en [rg]ou [rk]. En Cumbria le nom de Birkett Bank en St-John’s-Allerdale est interprété – en birk “bouleau” + heafod “tête”, “bout”. modo on peut l’interpréter en *Birgit-Bannoc “pointe de Brigitte”.

     Il va de soi que les Vikings n’ont pu emprunter le nom de la sainte pour l’introduire en Scandinavie que s ‘il était en usage en Armorique  au moment de leur arrivée.

 CONCLUSION

     De cet exposé on peut retenir que le culte de la sainte iroise Brigitte-Berc’hed en Armorique bretonne remonte au 6ème siècle, qu’ en toponymie elle ne patronnait pas seulement des Loc-, mais aussi un Lann– et qu’en deux cas au moins son nom est associé au toponyme duel Mousterow.

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publié le 4 juillet 2018

Saint Brieuc

     Brieuc ou Brioc est un moine breton, originaire du Pays de Galles, premier évêque de Saint-Brieuc, ville de Bretagne continentale, qui lui doit son nom. Il est l'un des sept saints fondateurs de Bretagne, honoré dans le pèlerinage du Tro Breizh. Il fut béatifié pour avoir soumis des loups. Les catholiques le fêtent le 1er mai.

 

     Étymologie bretonne

     Son nom est issu du breton « bri » (dignité) et de la terminaison adjective -euc, devenu eg en breton moderne. En breton, Brieuc se dit Brieg (pron. bri-ec). En français on trouve aussi les formes « Briec » et « Brioc ». Il ne faut pas confondre saint Brieuc avec saint Briac (cf. les communes de Bourbriac et Saint-Briac-sur-Mer).

     

 

 

 

 

 

 

     Biographie

     Brieuc serait né vers 409, de parents païens (dont le père s'appelait Cerpus et la mère Eldruda), dans le royaume breton de Ceredigion, dans ce qui n'est pas encore le Pays de Galles d'aujourd'hui. Élève de saint Germain d'Auxerre, missionnaire en Bretagne insulaire, il le suivit sur le continent. Prêtre en 447, il alla évangéliser la Bretagne armoricaine continentale, débarqua à l'Aber-Wrac'h, et vint fonder un monastère à Tréguier dont il aurait (d'après la Vita Briocii, manuscrit du XIe siècle environ) laissé la direction à son neveu saint Tugdual. Puis il retraversa la Manche, et y fit de nombreuses conversions dans son pays d'origine.

     À 70 ans, il revint en Bretagne armoricaine et fonda un autre monastère à l'embouchure du Gouët, sur un terrain que lui donna le comte de Liwil, son parent, qui devint la ville de Saint-Brieuc. Il est mort vers 502. Il est représenté avec trois porte-monnaie à la ceinture, symbole de sa générosité pour les pauvres.

     Autres lieux

    Llandyfriog au Pays de Galles serait un monastère fondé par Brieuc, ainsi que la paroisse de Cornouailles britannique de Saint Breock.

     On connaît Saint-Brieuc-des-Iffs, en Ille-et-Vilaine, Briec en Cornouaille armoricaine, près de Quimper, Saint-Brieuc-de-Mauron dans le Morbihan.

    La chapelle Saint-Brieuc, ancienne église paroissiale de la paroisse de Plonivel, désormais disparue, et incluse dans la commune de Plobannalec-Lesconil (Finistère).

    Une ville du Canada, dans la Saskatchewan, qui porte le nom de Saint Brieux, a été fondée par des émigrés bretons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Saint-Brieux est une municipalité rurale fransaskoise situé dans la province de la Saskatchewan dans l'ouest canadien. Les habitants sont majoritairement francophones. Créée en 1904 par 70 pionniers venant de Bretagne, ce village compte 492 habitants (2006). Il se distingue par la culture de céréales et une industrie florissante fabriquant des machines agricoles et divers productions para agricoles employant plus de 1.000 salariés.

     Le bulletin de la Société archéologique du Finistère de 1978 a publié une étude d'une vingtaine de page sur l'émigration en 1909 à Saint Brieux de Joseph Béléguic, conserveur Douarneniste frappé par la fameuse crise de la sardine de 1904 à 1908.

     Son nom serait une altération par l'administration anglophone du nom de la ville de Saint-Brieuc en Bretagne.

     Canada. Ces Bretons qui ont fondé Saint-Brieux

    Les aïeux bretons d'André Assié (à droite) ont émigré au Canada au début du XXe siècle. Gilbert Quivouron a retracé une partie de cette histoire. Photo Y.L.G.

     André Assié vit à Saint-Brieux, au Canada, un village fondé par ses aïeux bretons. Une épopée presque oubliée qu'il évoque avec son hôte hanvecois, Gilbert Quivouron qui a séjourné dans ce village canadien.

   Ils étaient 300 Bretons à débarquer sur les rives du Nouveau Monde, en cette année 1904. Le gouvernement canadien leur avait réservé 82ha gratuits à chacun. Le paradis quand on a seulement connu la misère. La réalité fut plus proche de l'enfer. La terre promise se situait à quelque 4.500km à l'ouest de Montréal. Une distance avalée dans un train évoquant davantage la bétaillère que l'Orient Express. Terminus Prince-Albert.

     «Restés par fierté»

    Descendus du train, nos Bretons exténués ont encore dû parcourir120km, à pied ou en carriole, jusqu'aux terres promises de Saint-Brieux (un X a remplacé le C), en référence aux origines costarmoricaines des premiers colons. Le cadeau? Une forêt dense et des cailloux. Et seulement quatre mois de répit de neige, de mai à août, pour cultiver. Certains se sont perdus à jamais dans le blizzard. Conditions effroyables. Pourtant, peu reviennent sur leurs pas. «Ils sont restés par fierté», analyse, cent ans après, Gilbert Quivouron.

     La mer de Ploudalmézeau dans le magnétophone

     Le Hanvécois a partagé l'immensité(1), l'isolement de l'ouest canadien en 1974. La nostalgie du pays natal aussi, chez Joséphine Perrot, née Rohel. «En 1906, âgée de 10 ans, elle a définitivement quitté Plouédern avec sa famille. En pleurs». Gilbert Quivouron se souvient d'un magnétophone dans une pièce de la maison en bois de Saint-Brieux. «Yves Perrot, l'époux de Joséphine, avait demandé à l'un de ses enfants d'enregistrer une messe en breton à Saint-Thégonnec et le bruit de la mer à Ploudalmézeau d'où il était originaire. Chaque dimanche, la cassette passait». La foi a guidé et fait tenir les pionniers dans les moments les plus difficiles. Elle s'exprime toujours dans la communauté actuelle de Saint-Brieux, en plein coeur du Saskatchewan. Mais les descendants des Guéguen, Jézéquel, Le Borgne, Abily, Beuzit... n'ont plus que ces patronymes pour liens avec la terre d'origine.

     Une ferme plus grande que Saint-Brieuc

     L'abandon de la langue est un tribut à payer au rêve américain: «Mes grands-parents venus à Saint-Brieux parlaient breton. Je dois être le dernier de ma génération à employer le français. Mes enfants ne connaissent que l'anglais», explique André Assié. Ce petit-neveu de Joséphine Perrot (celle-là même qui a hébergé Gilbert Quivouron) prouve que tous ces sacrifices n'ont pas été vains. André Assié se trouve aujourd'hui à la tête d'une ferme céréalière prospère de 3.500 hectares. Plus vaste que la ville de Saint-Brieuc (2.188 hectares) avec laquelle les relations pourtant évidentes n'ont jamais été valorisées. «On a bien essayé de rapprocher les deux villes lors de la réception de l'évêque de Saint-Brieux, Albert Le Gatt, en mairie de Saint-Brieuc» (2), rapporte Gilbert Quivouron. «Mais à 12.000km de distance, c'est compliqué». Précisément ce que l'on s'était bien gardé de signaler aux Bretons migrants il y a cent ans. L'histoire aurait-elle été la même?

  1. Le Saskatchewan est deux fois et demie plus vaste que la France pour autant d'habitants que le Finistère. Saint-Brieux compte autour de 500 âmes.

  2. Depuis, Albert Le Gatt a été nommé archevêque. Il a fait le chemin inverse de ses ancêtres en 2007 en venant donner la messe à Ploudalmézeau.

© Le Télégramme :

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/finistere/canada-ces-bretons-qui-ont-fonde-saint-brieux-17-12-2011-1537968.php#8TPePR1rRo8IOjmD.99 

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Publié le 4 juillet 2018

 

Saint Efflamm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     La légende

     On prête à saint Efflamm une vie merveilleuse. Il aurait aidé Arthur à se débarrasser du dragon contre lequel il luttait. Lorsqu'il rencontra en effet le roi Arthur, il poursuivait un dragon. Efflamm fit jaillir une source à Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves) pour le désaltérer, puis pria devant l'antre du monstre, qui alla mourir en se précipitant dans la mer. Son épouse Enora le rejoignit dans un oratoire qu'il lui avait fait bâtir.

     "… nôtre Saint, avec sa compagnie, passa la mer & vint heureusement surgir à la coste de la Bretagne Armorique, en la baye de sable, qui est entre Toul Efflam & Loc-Mikel, dite communément la lieue de grève, en la paroisse de Plestin, Diocèse de Tréguier, & leur vaisseau s’arresta vis-à-vis d’un grand roc, qui est au milieu de la grève (en terre néanmoins), nommé Hyrglas. Il y avoit pour lors, le long de la grève, une très-grande forest, de laquelle S. Efflam & sa troupe, descendans de leur vaisseau, virent sortir un horrible dragon, lequel se retiroit à travers la grève dans sa caverne, distante d’environ mil pas de ce roc; laquelle caverne était profonde de neuf coudées, & en avoit douze en la circonférence de son ouverture; mais de peur qu’à la piste et trace de ses griffes, il ne fut découvert & assiégé en cét antre, il avoit cette astuce de marcher à reculons, de sorte qu’à voir les marques de ses griffes dans le sable, on eut pensé qu’il venoit de sortir du lieu où il ne faisoit que d’entrer."
     Albert Le Grand raconte ensuite comment le dragon sortit de sa caverne et se précipita du haut d'un rocher dans la baie où il se noya.

     "Quant à nous, nous quitterons tranquillement la baie de Saint-Efflam par Saint-Michel-en-Grève et rejoindrons Trédrez par la pointe de Beg-ar-Forn. De là nous prendrons le chemin du site du Yaudet, petite forteresse gauloise puis romaine qui servit de débarcadère à Honora, la femme de saint Efflam."

     Écoutons à nouveau Albert le Grand raconter l'histoire.

     "Cependant, la bonne dame Honora, laquelle se voyoit plûtost veuve que mere de famille, depuis que son cher espoux l’eut quittée, ne cessa de pleurer; &, se souvenant, du sujet qui luy avoit fait la quitter, disait à part soy: "Et quoy (mon cher mary) vous m’avez tant exhortée à garder ma chasteté en vostre compagnie; je m’y estois accordée, à quoy donc me quittez-vous? Me croyez-vous si inconstante, que de ne tenir la resolution que, par vôtre moyen, j’avois prise? Non, jamais repos je n’auray que je ne scache où vous estes." Disant cela, elle laissoit couler de ses yeux deux ruisseaux de larmes, qui eussent fléchy les cœurs les plus durs; mais voyant que, pour pleurer, son mal ne s’allegeoit point, elle fit équiper secretement un batteau de cuir bien joint, cousu & poissé; car en ce temps-là les peuples septentrionaux, tant des Isles que de la terre ferme, usoient de cuir en leurs vaisseaux, au lieu d’aix & de planches, comme il se trouve par ce passage de Sidonius Appolinaris, en son Panegyrique ad Avitum :

Quin et Aremoricus Pyratam Saxona tractus

Sperabat, cui PELLE salum sulcare Britannum

Ludus, etc.

Et s’estant déguisée, se déroba de la cour & entra dedans, se laissant conduire où il plairoit à Dieu; lequel, par une speciale Providence, la guida au Havre du Coz-Gueaudet, à l’embouchure de la rivière de Legué, où elle arriva, le troisième jour de son embarquement; &, la mer s’estant retirée, son vaisseau demeura à sec sur le sable, en une des ecluses que le Gouverneur avait en ce havre, & y fut trouvée par le fermier de ces ecluses, qui, ayant sceu d’elle le sujet de son arrivée en ces costes, & qu’elle cherchoit un jeune Prince Hybernois, nommé Efflam, luy dit, qu’à trois lieuës de là demeuroit un saint Hermite du pays & du nom qu’elle disoit. La bonne Princesse Honora, ayant oüy ces bonnes nouvelles, remercia Dieu, & pria ce fermier de la mettre sur le chemin pour aller vers le Saint. Mais le bruit de cette rencontre ayant esté divulgué, le gouverneur, à qui appartenoient ces ecluses, manda son Fermier & sceut de luy qu’il avoit trouvé un vaisseau dans les ecluses, auquel il y avait une belle jeune dame d’une rare beauté, qui se disoit fille d’un Roy de la Grande Bretagnc, & cherchoit un Hermite, nommé Efflam, qui vivoit en la Paroisse de Plestin, lequel elle dit estre son mary, & l’avoit quittée pour servir plus librement à Dieu, qu’il l’avoit conduite sur le grand chemin pour aller vers son mary. Ce Seigneur, ayant entendu ce discours, prit la poste & se mit à la suivre, à toute bride, & fit tant, qu’il l’atteignit de veuë; mais Dieu la rendit si legere & luy donna une telle agilité, qu’encore qu’il tuast son cheval, à force de luy donner les esperons & de poster, neanmoins, elle avoit toujours le devant, jusqu’à ce qu’elle fut arrivée à la Cellule de S. Efflam; mais, pendant qu’elle en attendoit l’ouverture, il eut le loisir de s’approcher; toutefois, comme il avançoit le bras pour s’en vouloir saisir, s’estant appuyé, de l’autre, contre le mur, la porte vint à s’ouvrir & elle sauta dedans, & ce Seigneur fut, sur le champ, puny de son obstination & de l’injuste poursuite qu’il faisoit de cette jeune Dame; car le bras qu’il avoit appuyé contre le mur y demeura fermément attaché, & celuy qu’il avoit étendu pour arrester la Princesse Honora devint sec & aride. Le pauvre homme, se voyant non moins justement que sévèrement puny s’humilia, suppliant Honora de prendre pitié de sa misere; elle pria S. Efflam, son mary de le soûlager: ce qu’il fit & le guerit; en reconnoissance de quoy, il donna à S. Efflam une belle terre qu’il avoit pour y bâtir un Monastere, & s’en retourna chez soy, publiant par tous les merites du Saint. Il seroit difficile d’expliquer le contentement que receut S. Efflam, quand il vit que celle qui luy avoit esté donnée pour espouse avoit espousé même genre de vie que luy; il écouta attentivement tout le narré de son avanture, &, la voyant resoluë de passer ses jours au service de Dieu, il en rendit graces à sa divine Majesté, & luy bâtit une petite Cellule, quelque peu éloignée de la sienne, luy deffendant expressément l’aspect de son visage, luy permettant toutefois, de venir de fois à autre, le visiter & parler avec luy des choses concernantes la direction de sa conscience & le salut de son Ame; ce qu’il luy octroya, de peur que la fragilité du sexe ne fût troublée par un entier & total retranchement de sa conversation. La sainte dame, unie spirituellement à son cher époux, se réjouit grandement de cette séparation corporelle & s’adonna entierement à l’Oraison & à la contemplation des choses Celestes, assistoit dans la Chapelle où elle entendoit l’Office divin &, à certains jours & heures, elle se rendoit à la porte de la Cellule de son époux, lequel de dedans, sans ouvrir sa porte, l’entendoit, lui parloit & lui donnoit de salutaires instructions: &, avec sa benediction, elle se retiroit dans son petit domicile.  »

     Ses compagnons

     Nerin et Kemo ont tous deux donné leur nom à un bourg, respectivement Plounérin et Locquémeau, dont les églises portent toujours le nom du saint d'origine. Haran a une chapelle à Plestin, où l'on trouve aussi une plage nommée Pors Mellec, évocation possible d'un autre compagnon d'Efflamm.

     Tuder, Moine irlandais, compagnon de route d'Efflamm, Tuder a donné son nom à la commune de Tréduder ou l'église qui lui était dédiée a été, au XVIIe siècle, rebaptisée "Saint-Théodore". Il y a toujours une fontaine à son nom[1].

     Kirio (ou Quirio, Carré, Karé ...) est très présent dans la toponymie du pays de Plestin. Outre la "plage carrée", en breton Traezhenn Kirio, à Locquémeau, et le bourg de Saint-Carré commune de Lanvellec, on trouve une chapelle Saint-Quirio à Plounérin, un lieu-dit Lancarré à Saint-Efflam...

     La découverte des reliques de Saint-Efflam en 1819

     Le 26 juin 1819 furent découvertes dans l'église Saint-Efflam de Plestin les reliques de saint Efflam. L'abbé Tresvaux raconte les avoir trouvées sous une pierre plate située à trois pieds de profondeur, le tombeau étant ouvert en présence de nombreuses personnes dont plusieurs ecclésiastiques dont F. Nayrod, alors curé de Plestin, et personnalités civiles comme François Moriou, alors maire de Plestin, et d'autres. Le procès-verbal de la découverte énumère les débris d'ossements trouvés : « Une clavicule droite, plusieurs vertèbres tant cervicales que dorsales, un os du métatarse, deux du métacarpe, une phalange de la main, plusieurs fragments de côte, une portion du calcanéum, une portion de l'os occipital, un fragment de tête de tibia (...) ». Ces ossements furent reconnus pour être les reliques de saint Efflam.

     Le culte de saint Efflamm en Bretagne

     Outre l'église paroissiale Saint-Efflam de Plestin-les-Grèves, saint Efflam est ou était aussi honoré dans la chapelle Saint-Efflam située également à Plestin-les-Grèves, ainsi que dans des chapelles situées à Carnoët (aujourd'hui disparue), Langoëlan (chapelle effondrée en 1920, un oratoire et une statue ont été inaugurés en 2016), Lescouët, Pédernec (où il subsiste un lieu-dit), ainsi qu'à l'hôpital de Morlaix.

      Notes et références

     LA FONTAINE SAINT-TUDER [archive]

     Certains pensent qu'il s'agit en fait de deux personnages différents, mais l'utilisation de l'un ou de l'autre nom indifféremment, comme à Locquémeau, rend plus solide l'idée qu'il s'agit du même saint.

     Albert Le Grand, "Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches", 5e édition revue et corrigée par Guy Autret, et complétée par plusieurs autres auteurs, 1901, consultable

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f627.image.r=Locquirec.langFR  

    http://www.ouest-france.fr/bretagne/langoelan-56160/loratoire-de-saint-efflam-ete-beni-4312465 

    Albert Le Grand, "Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches", 5e édition revue et corrigée par Guy Autret, et complétée par plusieurs autres auteurs, 1901, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f628

 

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     Efflamm est le nom d'un saint breton semi-légendaire qui a donné son nom au village de Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves dans le Trégor). La chapelle de ce village (où l'on retrouva ses restes en 994) ainsi que la plage portent aussi son nom. Patron de Plestin-les-Grèves, où lui est dédié un gisant, il est fêté le 6 novembre.

     Selon la légende, il était accompagné de plusieurs disciples dont les noms se retrouvent dans la toponymie des communes alentour : Kirio, Tuder, Kemo, Haran, Nerin, (ainsi que, selon les versions, Mellec, Kivir, Eversin...).

     Une gwerz du Barzaz Breiz a pour sujet saint Efflamm

Efflamm, en breton, s'écrit aujourd'hui Efflam, prononcé [eflãm]. Le nom est issu du breton flamm (brillant) ou du latin flamen (prêtre romain). Une version féminisée existe par le diminutif "Flammig".

     Efflam était le fils d'un roi irlandais. Né en 448, marié très jeune à Enora, il fit vœu de chasteté. Un ange l'aida à résister à la tentation, et il s'enfuit en Bretagne, débarquant à Plestin, dans le Trégor, où il aurait vécu un temps en compagnie de saint Gestin. D'après une autre tradition, il serait venu d'Irlande avec son épouse Enora. Ils ne consommèrent jamais leur union et se consacrèrent tous les deux à Dieu, dans un ermitage en forêt. Il mourut en 512.

Publié le 21 septembre 2018

 SANT REVAEL / SAINT REMACLE

Saint reconnu par Rome

par Alan Joseph Raude 

 

 

 

 

 

 

                                                 Photo V. Charbey / Ar Gedour 2017

     Saint Remacle est l’un des saints les plus connus de l’Est de la Wallonie, le patron des Ardennes, d’églises, de chapelles, de fontaines, de nombreuses écoles, instituts…

On lui connait une Vita, des légendes, bref  presque tous les honneurs, sauf un : on oublie de dire qu’il était breton ! Or son identité bretonne est assurée ; non pas par le loup serviteur remplaçant l’âne dévoré, qui fait de Remaclus le consort de Teliaw, Hervé et autres saints porteurs de bâtons, mais par son nom même.

     Remaclus  est le même nom que celui du père de saint Gwenhael, en vieux-breton *Ro-magll (du brittonique *ro–maglos “très noble”). C’est un des noms que l’on relie dans les dynasties Scots (d’Ecosse) et autres brittoniques. Ainsi le nom *Maglo-kunos, qui se traduit aussi par “beau noble / grande noblesse”, a donné en gallois Maelgwn, prince de Wenedotia, et Mailochon dans une généalogie Scot (d’Ecosse). La racine de ce nom se trouve aussi en langue gauloise. Un tel nom présuppose  donc qu’il soit d’une famille de notables cultivés. En latin de milieu germanique, on l’appelle Remaclus.

     Il serait né vers l’an 600 (probablement en Strathclyde, comme Gildas).  Il serait entré en religion en 625.  En 632 il est abbé-fondateur de l’abbaye de Solignac, sur la Vienne, au sud de Limoges. Cette abbaye était indépendante de l’évêque de Limoges, c’est à dire que Romagl devait être abbé-évêque, à la manière celtique.

     Certains textes le font évêque de Maastricht de 650 à 660, mais la liste des évêques de cette ville ne contient pas son nom. L’erreur doit provenir  du fait qu’il était évêque de monastère.

     En 648, il  fonde le monastère de Malmédy, grâce à une donation du roi franc Sigebert III. En 650, à quelques lieues plus au Nord, à Stavelot  il fonde un second établissement.

     Il trépassa un 3 septembre entre 660 et 670. Il fut inhumé à l’abbaye de Stavelot,  mais ses reliques furent ultérieurement transférées à Liège.

     Sant Remaclus patronne notamment une église à Waldorf en Cisrhénanie, sur le Vinxtbach, au sud de Sinzig et est généralement honoré comme patron des Ardennes.

     Les textes ne disent pas quand fut fondé, dans le Pays de Retz, à Sainte-Pazanne, sur le Tenu, un moûtier qui a perduré sous le nom de Prieuré d’Ardennes, associé à l’abbaye de Stavelot et à celle de Solignac, mais il apparaît que Remagl avait, à la manière celtique, institué une congrégation dont il conservait la direction spirituelle. On comprend ainsi que l’ermitage primitif de Remagl, en 625,  était sur les bords du Tenu, et que l’abbé ne l’avait pas abandonné, mais sans doute confié à Sainte Pictine. C’est là que l’on peut chercher les reliques de son loup…

     Il est temps de rendre Revael à la compagnie des grands pasteurs, tels Winnoc et son frère Iudoc, lui aussi vénéré, entre Rhin et Meuse, sous le nom de Iost.

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Publié le 4 février 2019

5 janvier : Saint Conwoion / Konwoion

Par Erwan Kermorvant

Fondateur de l’abbaye bénédictine de Saint-Sauveur de Redon,

il est le protecteur de Comblessac, en Ille-et-Vilaine.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

     

     L’abbaye de Redon commence à devenir, alors, un pôle important qui accompagne  l’ascension politique de Nominoë. Après la bataille de Ballon en 845, qui a lieu à proximité de Redon, Nominoë prend du recul par rapport au pouvoir Franc, et aidé de Conwoion, à l’occasion d’un synode vers 849, il chasse les évêques francs des diocèses Bretons, et nomme des évêques bretons. Conwoion ira jusqu’à Rome justifier ce qui sera qualifié de schisme breton.

     Après les invasions normandes qui attaqueront Redon dès 854, Conwoion, fondera, grâce à Salomon, un second monastère à Plélan. C’est là qu’il mourra à l’age de 80 ans le 05/01/868. Ses reliques seront transférées à Redon par son successeur et seront vénérées jusqu’à la Révolution. Son culte fut ratifié par Rome en 1866.

Quelques interrogations sur le personnage :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    

    Mais peut-être que cette ascendance “royale” était vraisemblable. Conwoion, a été le plus parfait complice de Nominoë, du moins jusqu’au synode de Cothleu en 849. Sachant que Nominoë a donné à son fils le nom de Conan, on peut imaginer que la complicité entre les deux personnages peut être due à un lien familial, Conwoion pouvant être le frère ou le beau-frère de Nominoë…

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     “Conwoion”, abbé-fondateur de l’abbaye de Redon en juin 832, est né vers 788 à Comblessac (35), dépendant de l’évêché d’Aleth à l’époque. Il est le fils d’un certain Conan, de noble famille, et la tradition hagiographique indique même qu’il était de la noblesse “sénatoriale”.

      Il fut ordonné prêtre par l’évêque Régnier. Il semble que sa fonction et sa noblesse le destinait à devenir évêque de Vannes. Mais cette fonction, stratégique, restait dans les mains franques, à cette époque donc, Régnier comme nous venons de le signaler. Il avait alors des relations avec les Widonides, comtes de Vannes, et de la marche.

      Il décide avec 5 compagnons (Lohemel, Wincalon, Condeloc, Conhoiarn et Tethwiu) d’aller fonder un monastère, à l’extrémité de l’évêché de Vannes, à la frontière avec le royaume franc. Ayant eu successivement les autorisations du machtiern du lieu, Ratuili, de Nominoë et de l’empereur Louis le Pieux, et ayant décidé de suivre la règle monastique de Saint Benoît d’Aniane, Conwoion commence à accueillir de plus en plus de monde dans son monastère, et reçoit de plus en plus de donations.

     Tout d’abord, il y a cette ascendance “sénatoriale”, en effet cet honneur qui semble plus remonter à l’empire romain, est quasiment inexistant des hagiographies de l’époque. A-t-on voulu enjoliver le personnage, cacher une autre vérité, ou tout simplement y-a-t-il eu erreur de transcription d’un script ? Le problème, est que le texte original a été rédigé quelques années après la mort de Conwoion, (vers 880), et la transcription la plus ancienne serait du XIème siècle, ce qui me permet de douter de l’erreur de transcription.

      D’autre part, il est à noter que l’on donne le nom du père de Conwoion, Conan, ce qui peut être vrai si on note la même racine “Con-“. C’est à cette époque, que commence à circuler en Bretagne, le mythe du premier roi Breton Conan Mériadec. A-t-on voulu donner, sans le dire formellement, une ascendance royale à Conwoion ?

Publié le 13 mai 2019

Saint Corentin de Quimper

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’icône de saint Corentin XXe siècle (avec son attribut le poisson) peinte pour l’Association orthodoxe sainte Anne (Bretagne). Naissance & décès : Vème ou VIème siècle

     Saint Corentin (Corentinus en latin), appelé aussi Kaourintin ou Kaour, est selon la tradition, le premier évêque de Quimper au Vème  ou VIème siècle. Selon une construction littéraire et hagiographique tardive forgée à partir du XIIIème siècle, il est considéré comme l'un des sept saints fondateurs légendaires de Bretagne continentale. La ville de Quimper est ainsi une étape du pèlerinage médiéval des sept saints de Bretagne continentale appelé Tro Breizh (Tour de Bretagne).

     Il est fêté, dans le calendrier des saints bretons, le 12 décembre.

     Hagiographie

    Sa vie est racontée dans la Vita de saint Corentin écrite vers 1220-1235 et publiée par Dom Plaine. La légende hagiographique du saint écrite au XIIIème siècle révèle un enjeu politique, celui de légitimer la domination de l'évêché de Quimper sur les abbayes de Landévennec et Loctudy.

     Dans la « Vie des saints de la Bretagne Armorique », publiée en 1637 par l'hagiographe Albert le Grand, saint Corentin serait né à Locmaria en Cornouaille armoricaine vers 375 « treize ans avant que le tyran Maxime passât en Gaule, et fut, dès son enfance, instruit par ses parents en la religion chrétienne ; et ayant été par une grâce et protection spéciale de Dieu, préservé pendant les guerres que le Roy Conan Meriadec fit aux garnisons Romaines, qu’il chassa entièrement de Bretagne ».

     Il devient ermite à Plomodiern, au pied du Menez-Hom, où sa grande piété faisait déjà des miracles.

   Le jour où le roi Gradlon décide de fonder le diocèse de Quimper, il appelle Corentin pour qu’il en devienne le premier évêque. Il l’aurait envoyé à Tours en compagnie de Guénolé (saint fondateur de l’abbaye de Landévennec et qui voit le jour vers 460) et saint Tudy,  se faire consacrer évêque par le futur saint Martin (qui vivait au IVème  siècle).

   Gradlon lui aurait accordé un palais à Quimper à l’emplacement de l’actuelle cathédrale de la ville. Corentin est également associé à la légende d'Ys. La littérature bretonne, s'appuyant sur la version hagiographique d'Albert Le Grand, fait de Dahut une pécheresse impudique devant être châtiée. Elle y est responsable par ses mauvaises actions de la submersion de la ville d'Ys. Son père Gradlon tente de la sauver de la noyade, mais l'homme de Dieu qui l'accompagne (saint Guénolé ou saint Corentin selon ces versions) provoque sa chute dans les eaux.

   Après sa mort, il aurait été enterré devant le maître-autel de la cathédrale de Quimper. Devant l'invasion normande de 878, ses reliques sont transportées à l'abbaye Saint-Magloire de Léhon avant d'être réparties en région parisienne -dont une partie à l'abbaye Saint-Corentin de Mantes où une abbaye royale lui est dédiée en 1201 par le roi Philippe Auguste, puis à Tours à l'abbaye de Marmoutier.

Dans la tradition locale, Corentin représente l'un des quatre piliers de la Cornouaille, avec le roi Gradlon, et ses disciples saint Guénolé et saint Tudy.

    Iconographie, Attributs

    Sa légende lui attribue, près de son ermitage, un poisson miraculeux qui se présentait chaque jour dans une fontaine et dont il coupait quotidiennement, pour se nourrir (agrémentant à son menu le pain dur qu'il mendiait et les herbes et racines sauvages), un fin morceau qui repoussait. La légende raconte encore que Corentin aurait partagé ce poisson avec un chasseur mourant de faim ou qu'il aurait nourri le roi Gradlon et sa cour d’un morceau de ce poisson un jour où, s’étant égarés lors d’une chasse dans la forêt de Névet, ils étaient arrivés affamés à son ermitage. Certains prédicateurs y ont vu une allusion au poisson qui symbolisait les chrétiens au début du christianisme, le mot grec "ichtus" voulant dire "poisson". Or le signe du "poisson" et le mot "ichtus" (ΙΧΘΥΣ), qui est un acronyme en grec pour "Iesous CHristos THeou Yios Sotèr" ("Jésus le Christ, fils de Dieu, le Sauveur") étaient des symboles pour les premiers chrétiens et leur permettaient de se reconnaître sans subir les persécutions des romains, mais l'Ichthus des catacombes n'a guère franchi les frontières de l'Italie. Le fait donc que le morceau du poisson repousse symboliserait sa piété grandissant chaque jour.

    Ses attributs traditionnels sont donc les attributs épiscopaux (mitre imposante sur la tête et crosse massive dans la main). Il est également représenté avec un poisson entier ou une moitié de poisson (rappel du poisson qu'il partagea avec le chasseur) qu'il tient dans la main ou à ses pieds où il est parfois associé à une fontaine. Dans la chapelle Saint-Corentin en Plomodiern, la crosse épiscopale est massive. Par mauvais temps persistants, les fidèles se rendaient à la chapelle et faisaient faire le moulinet à la crosse pour qu'elle pointe vers le nord.

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publié le 13 mai 2019

Saint Guénolé de Landévennec

 

     Saint Guénolé est un personnage religieux légendaire qui aurait vécu à la fin du Vème siècle et au début du VIème siècle en Bretagne et serait décédé vers 532. Il est réputé avoir fondé l'abbaye de Landévennec.

      En breton, son nom s'orthographie Gwennole ou Gwenole. En latin, son nom apparait dans le cartulaire de Landévennec sous la forme Uuingualoeus puis Guingualoeus.

Saint Guénolé est également connu dans des textes en latin sous le nom de Winwaloeus, dont dérivent Winnoc ou encore Walloy (dans ce dernier cas à Montreuil dans le Pas-de-Calais).

     Hagiographie

      Saint Guénolé (d'après le buste en argent du reliquaire de Locquénolé).

    On a parfois, à tort, confondu saint Guénolé avec saint Gwenaël qui fut en réalité son successeur comme abbé de Landévennec.

   Son hagiographie est issue de La légende dorée de saint Guénolé ou Vie brève écrite par le moine Clément à Landévennec vers l’an 860.

   Son père, saint Fragan, et sa mère, sainte Gwenn, auraient débarqué dans la baie de Saint-Brieuc, venant probablement du pays de Galles, pour se fixer à Ploufragan (Côtes-d'Armor). Guénolé est le troisième fils d'une famille dont les autres enfants sont ClervieJacut et Guéthénoc. Il serait né, soit à Ploufragan, soit à Plouguin où est encore montré le lieu supposé de sa naissance (une motte féodale). Encore enfant, il est confié, vers 470, à saint Budoc pour être formé dans l'ermitage de celui-ci, situé sur l'île Lavret, dans l'archipel de Bréhat.

    Vers 485, il manifeste le désir de se rendre en Irlande pour vénérer les restes de saint Patrick qui vient de mourir ; l'apôtre lui apparaît en songe pour lui indiquer qu'il est préférable de rester en Armorique pour y fonder une abbaye.

    Avec onze autres disciples de saint Budoc, il s'établit dans une autre île appelée Tibidy, qu'on a tenté d'interpréter comme l'île de la maison de prières, à l'Hôpital-Camfrout, dans la rivière du Faou. « Traversant vers l’ouest les régions de la Domnonée et parvenant donc aux confins des Cornouaillais, il découvrit enfin heureusement un gîte avec ses compagnons susdits dans l’île appelée Thopépigie [Tibidy] » écrit Gurdisten, abbé de Landévennec, dans sa « Vie de saint Guénolé ».

    Au bout de trois ans, en 490, Guénolé, nouveau Moïse, ouvre miraculeusement un passage dans la mer pour aller fonder une nouvelle abbaye sur la rive opposée de l'estuaire, à Landévennec. Il en fait le centre religieux de la Bretagne de l'ouest ; il y meurt vers 532. La veille de sa mort, il aurait choisi son successeur, célébré une messe et reçu l'absolution.

 

La Vita Sancti Winwaloei

Statue dans l'église de Pleyben(Finistère).

  • Les sources historiques sont constituées par les Vies rédigées par l'abbé Gurdisten (Uurdisten) et le moine Clément. La plus ancienne est un hymne biographique composé par le moine Clément en 24 strophes dans le deuxième tiers du IXème siècle, donc plus de quatre siècles après sa mort. À son tour, l'abbé Gurdisten compose dans le dernier quart de ce même siècle une grande Vita Sancti Winwaloei Cornugallensis en trois livres et qui fut copiée, avec d'autres documents sur l'abbé fondateur du cartulaire de Landévennec, compilé au milieu du XIème siècle et parvenu jusqu'à nous.

  • Les textes suivent les règles de l'hagiographie médiévale et s'attardent sur les nombreux miracles attribués à Guénolé (il ressuscite, guérit, convertit, console, fait jaillir une source, etc.). Gurdisten se livre également à de nombreuses digressions pour l'édification de ses moines et de ses lecteurs. Finalement, un ange apparaît au saint pour lui dire que « les habitants du ciel réclament sa présence » et Guénolé meurt, comme saint Benoît de Nursie (et à son exemple) au milieu de ses moines en prières

       Légendes

  • Guénolé accomplit un miracle sur la personne de sa petite sœur lorsqu'elle était très jeune. Un jour, une oie s'empare des yeux de Clervie et les mange tous les deux. La fillette rentre chez elle en criant de douleur. Guénolé arrive à la maison familiale et trouve ses parents et sa sœur dans la détresse, il décide d'aller récupérer les yeux de Clervie. Il se rend à l'endroit où sont gardées les oies, repère un jars au centre du groupe. Il l'éventre et reprend les yeux de sa sœur pour les lui rendre. Il la signe de la croix et celle-ci recouvre la vue. C'est ainsi que Guénolé est devenu saint Guénolé et le patron des oculistes.

  • Lorsque Fragan emmena ses trois fils en bateau sur l'île Lavret pour les confier à saint Budoc, les voyageurs furent pris par une brutale tempête. Guénolé la calma par un signe de croix. Depuis, le saint est invoqué pour la quiétude des marins et fait de saint Guénolé le patron des femmes de marins-pêcheurs.

      Lieux de culte

Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec :

cinq statues de saint Guénolé.

    L'abbaye de Landévennec (monastère qu'il bâtit) est toujours le principal lieu du culte de Saint Guénolé.

Il est honoré comme patron dans les paroisses où étaient situées des dépendances (souvent des prieurés) de l'abbaye de Landévennec :

   ConcarneauÎle-de-SeinLandrévarzecBatz-sur-Mer, Trévou-Tréguignec, Loculiné,  Saint-Guénolé (en Penmarc'h), les trois derniers noms étant présents dans de nombreux lieux en Bretagne.

     Des chapelles sont dédiées à Saint Guénolé à Plourac'h, à Collorec et à Tonquédec. À Brest une chapelle Saint-Guénolé subsiste à l'état de ruines sur les bords de la Penfeld; elle était le lieu d'un culte de la fécondité.

     Au Xème siècle, les moines de Landévennec fuient les invasions normandes avec les saintes reliques de Guénolé. Désirant passer en Angleterre, ils s'arrêtent à Montreuil, où le comte Helgaud de Montreuil les convainc de rester ; ils fondent alors, en 926, dans cette ville, un monastère qui devient l'abbaye Saint-Walloy (le "Guénolé" des Montreuillois) et les reliques de saint Guénolé (saint Walloy) resteront à Montreuil jusqu'en 1793, date à laquelle, elles sont brûlées lors d'un autodafé révolutionnaire.

    L'exode des moines de l'abbaye de Landévennec lors des invasions normandes explique ainsi qu'il soit honoré ailleurs qu'en Bretagne occidentale. Outre Montreuil (Pas-de-Calais), il est également honoré à Prigny (la plus méridionale de la Bretagne historique, Les Moutiers-en-Retz) et Pierric, où la chapelle contient une statue du saint, mais aussi à Château-du-Loir (Sarthe), Auville-sur-le-Vey (Manche).

    En Angleterre, on le retrouve à ExeterWinchester et trois paroisses de Cornouailles britannique portent son nom : Landewednak, To Wednack, Gunwalloe. Sous le nom de "saint Winwaloe", il est honoré dans la Church Cove de Gunwalloe, village de la péninsule du Cap Lizard.

      Dévotion et iconographie

   Saint Guénolé représentait l'un des saints phalliques réputés pour venir en aide aux femmes désespérées par la stérilité, vécue au Moyen Âge et même après, comme une catastrophe : pour les travaux des champs, les paysans avaient besoin de bras. Alors, les femmes dont le ventre ne s'arrondissait pas récitaient leur chapelet et allumaient un cierge devant sa statue. Elles allaient même jusqu'à s'y frotter dévotement le ventre et le jour de sa fête se rendaient en pèlerinage aux sources miraculeuses des chapelles Saint-Guénolé. Sa réputation priapique provient certainement de la confusion de son nom avec le latin gignere signifiant engendrer. De plus Saint Guénolé se voyait attribuer par la dévotion populaire des vertus de thaumaturge : il donnait de la force aux enfants et les aidait à marcher; il guérissait les verrues, les maux de tête et les névralgies; il était aussi invoqué si un temps pluvieux menaçait les récoltes.

    Saint Guénolé est généralement représenté soit en simple moine, soit en abbé, mitré ou non, portant le livre de la règle monastique. À Collorec par exemple, une chapelle lui est consacrée, qui contient deux statues le représentant, l'une en abbé avec sa chape, sa couronne monastique, sa crosse et un livre ouvert, l'autre en simple moine sans sa crosse et avec un livre fermé. Une statue représente Saint Guénolé en compagnie de sainte Barbe dans la chapelle Saint Gwénolé à Plourac'h, et le grand vitrail est consacré au saint et à Landévennec. L'attribut de Saint Guénolé est généralement une oie (comme sur la statue de l'abbaye de Landévennec et celle de la fontaine de Saint-Frégant).

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